Attention ce sont des conseils applicables surtout à une « grosse » session de cuisine, ou au moins à une session de cuisine où vous vous attelez à une recette un peu spéciale ou autre. N’allez pas vous casser les pieds à mettre tout ça en application le soir où vous avez juste envie de vous faire des pâtes au pesto.
1 – Les 3 C : Recettes, Listes, Courses
Comment ça ya pas 3 C ? Comment ça ce tuto commence mal ? Je fais bien qu’est-ce que je veux avec mes titres.
Alors alors. L’Organisation, ça commence bien avant d’avoir posé la moindre claquette-chaussette en cuisine. Ça commence dès que vous avez choisi votre recette (a), lorsque vous établissez vos listes de courses (b) et ça continue d’ailleurs avec les courses elles-mêmes (c)
Vous avez vraiment cru que j’allais faire tout un plan en 3 parties pour des trucs aussi basiques ? Voilà l’idée :
- Choisissez votre ou vos recettes
- Prenez une belle feuille A4 100% papier non recyclé, ou à défaut une feuille de brouillon qui traine dans un coin, et faites votre 1ère liste de courses (oui, spoiler, il y en aura 2) : vous marquez juste tous les ingrédients et les quantités dont vous allez avoir besoin pour vos recettes, en omettant volontairement ceux que vous avez déjà (à part si vous collectionnez les pots de sel La Baleine dans ce cas là faites-vous plaisir)
- Prenez une deuxième feuille A4 épaisseur maximale, ou à défaut retournez votre première feuille, et faites votre 2ème liste de course (là c’est le moment où vous faites semblant d’être surpris). Sur celle-ci vous allez trier votre première liste de courses en magasins : boucherie, épicerie orientale, primeur, Monoprix, magasin de farces et attrapes etc…. C’est celle-là que vous prendrez avec vous pour votre petit tour du quartier bien Ordonné
- Partez faire vos courses l’esprit serein, avec suffisamment de sacs pour tout porter tout en sauvant la planète, et suffisamment d’argent pour tout payer aux gentils commerçants
Et voilà déjà ça évite de commencer une recette en devant remplacer le fromage par de la mousse de canard parce qu’on s’est gourré dans les courses.
2 – Préparer son plan/espace de travail
Mon Chef me disait toujours que dans la vie il y a 2 plans qui doivent être d’une propreté niquel : les plans de travail et les plans cul. Aujourd’hui on va surtout s’intéresser au premier.
A) Si vis Coctum, para Torchum : si tu vises la cuisine, prépares les torchons
Eh oui là j’ai vraiment fait un plan, surprise.
Torchons = vie. Faites-vous un petit plaisir et achetez-vous 20 beaux torchons au bazar du coin. Commencer une session cuisine avez un torchon propre, c’est un de ces bonheurs simples dont la vie nous gâte. C’est pas compliqué quand je cuisine 2h j’utilise 3 ou 4 torchons. Je torchonne tout. Entre chaque découpe, zou je nettoie ma planche à découper et je la torchonne pour la sécher. Je dois sortir un plat du four, hop je me torchonne la main. J’envoie de l’huile partout sur mon plan de travail en faisant frire les Arancini aux girolles, vroum je torchonne mon plan de travail.
Cerise sur les gâteaux, nos ancêtres ont chassé le mammouth pendant quelques millions d’années pour nous permettre d’avoir une machine à laver le linge aujourd’hui : alors flanquez-moi tout ça dedans quand vous avez fini et on en parle plus.
B) Pour faire de la cuisine sale, il faut une cuisine propre
Si vous commencez votre session cuisine avec une cuisine déjà à moitié sale, il y a plus de 94% de chance qu’à la fin de votre session la cuisine soit très sale, contre seulement 16% de chance lorsque vous commencez avec une cuisine propre, et pas moins de 56% des moins de 25 ans qui admettent préférer la sauce algérienne à la sauce samouraï.
Si c’est un sondage IFLOP qui le dit c’est qu’il y a 50% de chance que ce soit vrai, donc ne prenons pas le risque.
Alors faites-vous du bien, commencez votre session avec une cuisine dégagée. On range la vaisselle sèche, on termine la vaisselle des 2/3 bols avec des céréales collées qui traînent dans l’évier, on passe un coup d’éponge sur son plan de travail, on respire un grand coup, on rappelle à son conjoint toute la charge mentale qu’on supporte, et on s’y met.
3 – Anticiper
Notez bien que cette partie est totalement facultative. Si vous aimez les plats ratés et les fonds de casserole cramés, vous n’êtes pas obligé de la lire.
A) Lire la recette
Ça parait con mais le plus souvent c’est un bon début. Je dis ça mais une de mes spécialités c’est d’ouvrir une recette, de me dire « oh ça a l’air bon », de lire en diagonale en pensant que tout d’un coup je suis doté de pouvoirs psychiques plus développés que la moyenne, et de finir par me rendre compte en cours de route qu’il y avait 12h de marinade et qu’il est 18h30.
Lire la recette permet aussi d’avoir le teint plus frais, de perdre les kilos en trop, de maximiser ses revenus et… wait je me suis trompé. Lire la recette permet aussi de mieux appréhender sa session de cuisine : on sait globalement quelles étapes on va devoir suivre, à quel moment ça risque de devenir chaud, et si c’est vraiment la recette qui correspond au titre.
B) Sortir les ingrédients clés
Alors allez pas me sortir le foie de poulet 6h à l’avance sur votre plan de travail en plein soleil, j’ai déjà suffisamment de problèmes avec la police à cause du mec que j’ai enfermé dans ma cave parce qu’il ne voulait pas utiliser de torchons.
Tout ce que je dis c’est que si vous avez un peu de place (cette partie ne vous concerne pas les parisiens désolé), profitez-en pour sortir tous vos ingrédients avant de commencer. Vous y verrez plus clair, vous pourrez prendre une jolie photo insta, et vous vous éviterez les 42 A/R avec le frigo et les placards pendant que vos oignons brûlent.
C) Préparer son matériel
En fait c’est la même idée mais avec le matériel, pas besoin d’en faire toute une partie hein. Je te rappelle que c’est toi qui en a fait une partie, alors pouet pouet. Oh comment tu me parles devant les gens là oh redescends d’un ton merci. Arrête de me répondre comme ça en public ils vont croire qu’on est plusieurs dans notre tête.
4 – Investir dans un nombre correct de récipients
Lorsque je serais célèbre et que l’on m’interviewera sur Radio Champagne-Ardenne un mardi à 14h45, on me demandera : quelles sont vos 2 passions dans la vie ? Et je répondrai : les torchons et les bols.
L’idée globale ici c’est qu’avant de commencer la partie technique d’une recette (cuisson, assemblage, flambage, sautage, ratage), il vaut mieux commencer par préparer tous ses ingrédients. Et tous les ingrédients n’allant pas être cuits, sautés, et ratés au même moment : il va falloir les stocker en attendant. Pour ce faire, 2 armes ultimes : les bols et les tupperware.
A) Les bols
Vous les voulez :
- petits (10cm de diamètre c’est pas mal)
- tous de la même taille pour les empiler facilement
- en métal pour ne pas les casser, parce que c’est léger, et que ça se nettoie hyper facilement
Vous pouvez évidemment vous servir de tout votre attirail existant de bols, assiettes, bolinettes etc. mais au bout d’un moment vous allez craquer et acheter des bols en métal et je pourrais vous pointer du doigt en disant : J’AVAIS RAISON
B) Les tupperware
Un peu la même idée, mais en insistant bien sur le fait que si ils sont tous de la même taille ça va vous faciliter grandement la vie. Ils vont s’empiler gentiment dans votre frigo, votre congélo, vos placards. Il vous les faut également légers, faciles à ouvrir et fermer, solides… pas de honte à vous montrer aussi exigeant en tupperware qu’en amour.
C) Le Bol-Poubelle
Le bol nul que personne ne veut dans son équipe pour faire une balle aux prisonniers. Mais en vrai c’est le plus important c’est juste que les autres sont jaloux et ne reconnaissent pas sa valeur.
En gros pendant que vous cuisinez vous allez éplucher comme un chef, parer comme un dieu, déballer comme un homo sapiens superiorus,… et à la place de vous déplacer toutes les 5min pour aller jeter un germe d’ail à la poubelle, vous avez eu une idée géniale qans que l’on vous la souffle sur un blog de cuisine : vous servir d’un bol pour y mettre toutes vos cochonneries que vous jetterez aux cochons à la fin seulement de votre épopée culinaire. Brillant
5 – Réserver, réserver, réserver
Samedi, 18h, Chloé décide de se lancer dans un Japchae au confit de canard pour ses amis arrivant à 19H. Large. Elle commence par émincer son oignon, et se dit qu’elle va le mettre à suer dans le wok pendant qu’elle s’occupe de préparer le reste. 7min devraient largement suffire, et ça lui fera gagner du temps. Sauf qu’en se saisissant de son poireau, elle se rend compte que celui-ci ayant poussé dans la terre, et bien il est plein… de terre. Elle le lave de son sable, ce qui lui prend bien 3min, et elle commence à se dire que ça va être chaud ; ses oignons commençant à faire un bruit d’oignon qui cuit trop vite. Elle se saisit du bocal de confit de canard, et en se dépêchant de l’ouvrir il lui échappe des mains et s’éclate par terre. Les oignons font un bruit alarmant et maintenant elle se retrouve à devoir nettoyer son sol. Vite elle agrippe sa balayette. Sauf qu’en se relevant de sous son évier, sa tête heurte un tuyau et l’eau commence à inonder son appartement, emportant le confit de canard avec. Les oignons ont maintenant une couleur suspecte, du confit de canard flotte dans l’appartement, et le poireau n’est toujours pas coupé. Chloé va devoir expliquer à son assurance pourquoi de la graisse de canard suinte du plafond de son voisin du dessous, à ses amis pourquoi ils doivent venir manger en bottes une pizza surgelée, et à sa mère pourquoi elle ne va pas la voir plus souvent (ce qui n’a aucun rapport on est bien d’accord, mais elle va quand même bien devoir lui expliquer un jour).
BREF. Rien de tout ça ne serait arrivé si Chloé avait RESERVE ses oignons.
La règle est la suivante : ON NE COMMENCE UNE RECETTE QUE LORSQUE TOUS NOS INGREDIENTS SONT PRÊTS. Et quand je dis prêts, c’est totalement prêts : lavés, épluchés, coupés, assaisonnés…
Sortez autant de petits bols/assiette que nécessaire (voir plus haut), et réservez-y chacun de vos ingrédients lorsque vous avez fini de vous en occuper. La plupart de vos ingrédients sont secs, et ça ne fera pas beaucoup plus de vaisselle. Par contre vous allez vous retrouver avec un plan de travail digne des plus grands, bien ordonné, avec tous vos ingrédients à portée de main. Et lorsque vous commencerez votre cuisson, ou à rentrer dans le cœur de votre recette, il n’y aura plus qu’à assembler ce que vous avez préparé avec amour dans un magnifique instant de grâce où tout prend sens à part la vie.
6 – Ranger et faire la vaisselle au fur et à mesure
« Ne remets pas à demain ce que aujourd’hui tu aurais pu faire hier mais que tu n’as pas fait du coup tu le fais aujourd’hui et tu remets demain à avant » Proverbe d’un vieil homme chinois qui a fait plein de proverbes chinois dans sa vie mais qui là il est vieux il s’emmêle.
Si la nature vous a doté d’un lave-vaisselle d’une taille imposante, cette partie ne vous concerne pas. Pour nous autres mortels n’ayant qu’un petit évier riquiqui, le zen est encore une question d’anticipation.
Pendant la réalisation de vos recettes vous aurez toujours un moment de flottement, où vous attendez juste qu’un truc cuise ou que la grâce vous touche. Vous pouvez mettre à profit ce temps pour vous mettre en slip, vous servir un grand verre de whisky, sortir au balcon, vous en griller une et profiter de la vie. Mais vous pouvez aussi ne rien faire de tout ça et vous atteler directement à ce qui arrivera inévitablement : la vaisselle et le rangement. Certes vous vous rapprocherez jour après jour d’un méchant de dessin animé, vous risquez de devenir maigre, grand, avec un nez pointu et d’avoir envie de vous habiller entièrement en noir et de faire des croche-pattes aux enfants. Mais ! Mais votre espace de cuisine sera niquel ! Si c’est pas top ça
Voilà un peu pour mes principes d’organisation en cuisine. Y avait-il besoin d’en faire 4 pages ? Non. Est-ce que j’avais suffisamment de blagues pour les faire ? Oui. La question était vite répondue.
Noé